Je sais que vous
avez eu de penses impures, mais nous sommes tous réunis en ce jour pour traiter
de l’affaire d’abus de pouvoir et des pratiques analogues à l’esclavage.
Qui suis-je ? Juste un médiateur.
L’accusé ?
Son cerveau.
Les victimes ?
Les couples d’articulations d’un corps.
La parole aux poignets :
- Chéri !
Calme-toi ! Laisse-moi parler en premier ! Bonjour, je suis le
poignet droit, responsable par les travaux qui demandent plus de précision et
mon compagnon est le poignet gauche, normalement responsable pour les situations
qui demandent plus d’effort physique. Je voulais vous dire que nous ne pouvons
plus supporter cette situation ! Le cerveau se croit tout permis ! En
ce moment même ils nous obligent à rédiger ce texte, or tout ce dont nous avons
besoin est du repos après la journée de travail répétitif d’hier ! Mêmes
nos enfants les doigts, beaucoup plus jeunes, en souffrent. Nous ne supportons plus
leurs cris non plus ! Honnêtement…
Les épaules
interrompent :
- Non, mais vous
vous croyez trop là ! Et tu crois que c’est qui que soutient vos efforts répétitif ??
Mon mari et moi ! Épaules gauche et droite respectivement ! Sans
compter que tu oublies de mentionner que nos pauvres neveux, les coudes, en
prennent plein dans leurs tronches quand vous travaillez et il suffirait que
vous fassiez une rébellion pour qu’on puisse montrer au cerveau que nous avons
le contrôle. T’as déjà oublié la grève générale d’avril ? Ça a bien marché
non ? Nous avons tous crié à l’unisson et avons réussi À avoir une
pause de presque 10 jours ! Sans compter qu’après ça il ne nous a pas surmenés
pendant des mois !
Le bassin tousse
et prend la parole :
- Mes très chers…
N’oublions pas à qui se doit cette mobilisation. Normalement c’est quand je
décide de pincer certaines régions, avec l’aide de mes petits-enfants les
hernies, que ça marche à merveille ! J’aimerais qu’on m’attribue du mérite
quand même !
Les chevilles :
- Mais ta gueule
pauvre salaud ! – Il disait au bassin – C’est pas parce que vous êtes dans
le sommet que vos actions sont plus efficaces que les nôtres. Quand ma femme et
moi nous mobilisons, que nous deux, les travaux sont réduits pour presque tout
le monde ! Sans compter que nous souffrons des talons en plus…
Les genoux
interviennent :
- Je suis désolé
de vous apprendre que nous souffrons tous pareil… Nous sommes des engrenages d’une
seule et unique machine : un corps d’une jeune qui est devenue vieille
trop tôt. Un corps qu’emprisonne un esprit qui ne veux qu’être libre de rêver,
mais qu’est ramené à sa réalité avec chacun de vos cris, sans compter quand
vous décidez de bruler des cartilages pendant la nuit, en guise représailles pour
la journée, juste pour lui empêcher de dormir.
Le cerveau :
- Merci pour
cette très belle intervention, pausé et réfléchis. Je dois vous dire que vous n’êtes
pas mes esclaves même si vous êtes obligés de suivre mes envies, pas toujours
heureuses, je l’assume. – On entend plusieurs manifestations négatives comme :
« Jamais heureuses ! » – S’il vous plait, un peu de respect !
Je vous ai tous entendus et j’aimerais bien pouvoir exprimer mon point de vue !
En tant que porte-parole de l’esprit libre de la jeune femme, je dois vous dire
que lorsqu’elle a choisi de faire ses études en arts, elle ne comptait pas voir
une telle dégénérescence de ses articulations, ni de son corps tout court. Le
problème qui s’est instauré c’est qu’en plus d’avoir investi beaucoup de temps
dans le domaine, il ne s’agit plus que du fait d’avoir fait ses études, il s’agit
d’une manière de vivre et de penser. Lorsque vous faites vos rébellions, que
lui en empêche de travailler, vous la tuez petit à petit – On entend des
révoltés dire : « Vous nous tuez petit à petit aussi ! On ne brule
pas nos cartilages exprès ! Elles fondent quand les articulations sont
chaudes et ça brule illico !!! » – S’il vous plait ! Je n’ai pas
fini ! Comme je disais, son esprit s’éteint peu à peu, son envie de
continuer diminue dans la même proportion qu’on lui interdit de réaliser ses
projets, qui se sont les nôtres d’ailleurs…
Les poignets :
- Pour toi c’est
facile à dire, vu que tu suis ses envies telles une poupée et que ton travaille
n’est que de la masturbation mentale tandis que le nôtre est purement physique !
Le ventre et les
cuisses :
- Les gars !
J’ai envie de vous dire : MAIS VOS GUEULES ! Nous trois subissons les
conséquences de ce qui nous impose le cerveau, ainsi que de vos grèves ! C’est
pas vous à devoir faire face à des aiguilles 2 fois par semaine ! Et j’ai
l’impression que ça va mieux non ? Pas top, mais moins pire quand même.
Les fesses :
- J’ai juste
envie de dire qu’avant les piqures étaient faites chez nous, d’acc ? Donc
un descend un peu de son échelle dorée là, svp !
Sur les cris des
victimes en colère le médiateur reprend la parole :
- La séance du 9
novembre 2018 est suspendue jusqu’à la fin du traitement afin d’attester de l’efficacité
ou pas des mesures prises par le cerveau. Je vous ai tous entendus et je dois
ramener les preuves afin de délibérer dans le temps voulu.
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